Boucherie
15
août 2013
Par
François Sergent
Un
massacre est un massacre et l’indignation
ne doit pas être sélective. Après avoir déposé le premier président régulièrement élu de l’histoire de l’Egypte, la junte militaire a délibérément exécuté des centaines de ses citoyens. A balles réelles, dans la tête ou la poitrine,
tirées par des hommes qui avaient reçu l’ordre
de tuer. Les Frères musulmans
ne représentent certes pas l’idéal
des combattants de la liberté,
certains - peu nombreux - étaient armés, mais l’essentiel
des victimes restent des civils, abattus les mains nues. Le général Al-Sissi, le véritable homme fort du pays, a montré la vraie nature du régime qu’il entend instaurer par la force en Egypte. Une dictature
militaire à la Moubarak.
El-Baradei, qui servait jusqu’à présent de caution au
coup d’Etat militaire, a compris le piège dans lequel il
était tombé et a finalement quitté le gouvernement après ce troisième massacre en quelques semaines. L’Occident, qui avait de facto soutenu le coup d’Etat, doit condamner
cette répression violente qui annonce d’autres tueries. Les démocrates et les laïcs qui soutiennent aujourd’hui cette boucherie s’illusionnent s’ils pensent qu’ils seront épargnés le jour où eux aussi
gêneront les militaires. L’armée est prête
à tout pour conserver son pouvoir et maintenir ses privilèges,
y compris déclencher une guerre civile dans son pays. Comme Al-Assad en Syrie. Cette violence aveugle ne peut que nourrir et servir in fine les islamistes en Egypte, mais aussi
dans tout le monde musulman.
Les généraux égyptiens tuent le printemps arabe.