L'Europe, grande oubliée du débat américain

 

Rédigé par Lorraine Millot

 

De quoi a-t-on parlé ce lundi soir lors du dernier débat télévisé Obama-Romney qui devait être consacré à la politique étrangère ? Du chômage, des pauvres, des profs et même des technologies vertes  Chaque fois qu’ils l’ont pu, Barack Obama tout autant que Mitt Romney sont revenus à leurs marottes de politique intérieure. Mitt Romney a même réussi à énumérer les cinq points de son « plan » pour « créer 12 millions d’emplois », sans même que le modérateur qui jouait le rôle du nain dormeur, ne fasse la moindre tentative pour le remettre sur les rails. Le reste du temps, il a tout de même été question des suspects habituels, qui accaparent les forces déclinantes de la diplomatie américaine: Syrie, Egypte, Libye, Iran, Irak, Afghanistan, Pakistan, Chine... Mitt Romney a aussi réussi à placer un couplet habile sur l’Amérique latine au milieu de son plan en cinq points, expliquant que son économie est aussi importante que celle de la Chine (et rappelant surtout que les républicains se battent encore pour le vote latino, jugé crucial dans l'élection à venir).

 

Et l’Europe dans tout ça? Elle n'est pas loin de l'Australie dans la compétition pour le statut de continent le plus oublié de la soirée. Il aura pratiquement fallu attendre la toute dernière minute du débat pour que Romney y fasse une très rapide allusion, désobligeante comme on en a l'habitude avec lui, citant la Grèce en exemple de pays accablé par sa dette. Après quatre années de présidence Obama, « nous sommes sur le chemin de la Grèce » a lancé le candidat républicain, reprenant une de ses formules courantes de campagne.

 

Pour nombre de diplomates français ou européens, indécrottables optimistes, il faudrait d'ailleurs plutôt se réjouir que l'Europe a si bien disparu des radars américains. Au moins la crise de l’euro n’est plus brandie par Obama comme source majeure des troubles économiques de l’Amérique et Romney a cessé de faire du "socialisme européen" son principal épouvantail de campagne. Conclusion, discutable, d’un éminent diplomate européen à Washington : moins on parle de nous ces temps-ci aux Etats-Unis, mieux c’est.