Courage

 

Par FRANÇOIS SERGENT

 

Bill Clinton avait inventé en 1993 le plus tartufe des décrets sur les gays dans l’armée américaine : «Ne rien dire, ne rien demander.» Les homosexuels pouvaient mourir pour la patrie mais dans un hypocrite silence. En soutenant le mariage gay, dans son pays si conservateur et si religieux, Barack Obama montre un autre courage. Tout comme François Hollande qui a maintenu cet engagement de son parti.

 

Le mariage entre homosexuels est bien le dernier des droits civiques inaccompli, comme le saluait hier matin la presse américaine. Les gays pourront ainsi fonder des familles de plein droit qui seront aussi heureuses (ou malheureuses) que les familles hétérosexuelles. Le mariage reste un code social majeur et sa légalisation est synonyme d’acceptation de l’homosexualité par une société. En France comme aux Etats-Unis, être gay sera plus facile pour les plus jeunes, pour ceux moqués ou méprisés qui hésitent à vivre leur sexualité. Le Président, qu’il soit américain ou français, peut ainsi faire avancer l’histoire et changer la société. Premier président noir de l’histoire de son pays, Obama avait paru pusillanime dans l’exercice de son pouvoir. François Hollande peut, s’il tient ses promesses, changer des vies. En donnant le droit de vote aux étrangers, ce qui déplacera le regard des Français sur l’autre. Ou en faisant évoluer les lois sur la fin de vie ou la bioéthique. Ces textes pourront être ainsi fondateurs de sa présidence, comme le fut en son temps la suppression de la peine de mort.