Les hésitations d’Obama

 

Stéphane Bussard

 

Pour réaliser ce qu’a été la politique russe de l’administration de Barack Obama par rapport au conflit ukrainien, il suffit de se demander ce qu’elle aurait été avec le faucon républicain John McCain à la Maison-Blanche. Le président américain, qui a toujours laissé la porte ouverte à la diplomatie, ne pouvait laisser impunies l’annexion de la Crimée et la déstabilisation de l’est de l’Ukraine par le Kremlin. Il a convaincu les Européens d’appliquer de sévères sanctions contre Moscou. De telles mesures n’ayant pas empêché Vladimir Poutine de bafouer l’accord de Minsk, les appels à durcir le ton se multiplient à Washington.

 

Faut-il livrer des armes défensives à Kiev? Si on applique le principe de symétrie, la réponse est positive. Les livraisons d’armements russes lourds aux séparatistes de l’est de l’Ukraine sont massives en dépit des dénis de Moscou. En faire de même avec l’armée ukrainienne, c’est donner à cette dernière une chance de défendre la souveraineté du pays. C’est freiner un maître du Kremlin dont on craint qu’il sape les fondements mêmes de l’Europe. Est-ce qu’une telle stratégie a une chance de succès? Difficile à dire.

 

Si Barack Obama hésite, c’est parce qu’il n’aime pas la guerre, ne la menant qu’à distance (drones, frappes aériennes en Irak). Il a d’autres priorités. En Syrie, il a été confronté à une situation semblable. Fallait-il armer les rebelles dits modérés? Personne ne peut prétendre aujourd’hui avoir la réponse définitive à une telle question.

 

S’il devait opter pour une aide militaire musclée, bien que défensive, Washington prendrait néanmoins un risque: celui de diviser le front uni américano-européen contre l’autocrate Poutine.

 

Ancien conseiller du président Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski admet que les relations entre Moscou et Washington vont sans doute subir un gros coup de froid. Mais il reste optimiste. Ce qui rapprochera la Russie de l’Occident, prédit-il, c’est la classe moyenne russe qui n’a aucun intérêt à une conflagration russo-américaine et qui appréciait l’internationalisme de l’ex-président Dmitri Medvedev.