Armstrong a ouvert la voie ... vers Mars

 

Pierre Brisson

 

Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à Neil Armstrong, décédé le week-end dernier, c’est d’entreprendre enfin un voyage habité sur Mars, écrit Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland

 

Quand Neil Armstrong a posé le pied sur la Lune, il y a déjà quarante-trois ans, beaucoup, y compris sûrement lui-même, pensaient que l’humanité entreprenait une nouvelle aventure comparable à celle de la «conquête» de l’Amérique et que l’espace était «La» nouvelle «frontière».

 

Aujourd’hui, il y a beaucoup de déception chez les astronautes et chez ceux de leurs contemporains animés du même esprit pionnier. Certes, l’exploration robotique a continué et le début de la mission «Mars Science Laboratory» nous a donné un magistral exemple de la maîtrise que nous en avons, mais les vols habités, brillamment initiés par Armstrong et ses compagnons sous l’impulsion de John Kennedy, ont lamentablement végété dans la proche banlieue terrestre. La Station spatiale internationale qui tourne depuis 1998 à 350 km au-dessus de nos têtes ne fait rêver personne et n’a pas apporté grand-chose en termes de connaissances et de progrès technologiques.

 

Ce qui intéresse les hommes, ce sont les découvertes dans l’espace profond, comme nous le montre l’attention recueillie par les photos de la NASA relatant l’atterrissage de Curiosity sur Mars. Et quand on parle de ce sujet, la question qui vient naturellement aux lèvres est: «l’Homme, c’est pour quandMalheureusement, on peut seulement répondre que les gouvernements ne s’intéressent plus aux vols habités si ce n’est pour maintenir des emplois ou, pire encore, continuer simplement ce qui a été commencé. Il n’y a plus de flamme, plus d’enthousiasme chez ceux qui sont chargés de diriger ces vols «quelque part». Il y a au contraire beaucoup de méfiance de l’échec, beaucoup de crainte d’une nouvelle catastrophe évidemment possible, beaucoup de pudeur à investir dans des programmes qui ne sont pas des programmes «sociaux».

 

Et pourtant, les enfants et les adultes épris de grands espaces, d’aventure ou simplement de sciences, continuent à rêver. Pourtant, ce sont les grandes vagues qui soulèvent l’humanité qui sont le plus porteuses de progrès et de bien-être pour tous.

 

Ce qu’il nous faut, c’est un nouveau John Kennedy qui rallume la flamme et remette la politique spatiale sur les rails en lui fixant une destination et un délai. Cette destination ne peut être que Mars, car nous en avons assez de l’ISS. Quant à la Lune, «nous y sommes déjà allés», comme l’a dit le président Obama. Mars, c’est la sœur de la Terre: elle a connu à ses débuts la même histoire géologique que nous, elle a gardé les roches témoignant d’une époque disparue sur Terre, elle peut nous apporter les réponses essentielles que nous attendons depuis toujours sur l’universalité du processus de vie. Le délai doit être «d’ici la fin de cette décennie», comme disait Kennedy, qui avait bien conscience que donner une date plus éloignée équivalait à une simple expression d’intention.

 

Contrairement à ce que beaucoup pensent, nous avons la technologie et nous avons l’argent. Alors, si nous voulons vraiment honorer la mémoire de Neil Armstrong, suivons son exemple. Franchissons le seuil de nos peurs, de nos réticences et de nos fausses pudeurs. Allons-y! Entreprenons maintenant la première mission habitée sur Mars!