Un engagement personnel et moral

 

Stéphane Bussard

 

Pour Barack Obama, la validation de la réforme de la santé confirme le principal succès de sa présidence. Elle récompense aussi un engagement personnel et moral. Aucun président avant lui n’avait réussi ou cherché à réformer un système de santé gangrené par les lobbies et miné par une explosion incontrôlable des coûts

 

Pour Barack Obama, la validation de la réforme de la santé confirme le principal succès de sa présidence. Elle récompense aussi un engagement personnel et moral. Aucun président avant lui n’avait réussi ou cherché à réformer un système de santé gangrené par les lobbies et miné par une explosion incontrôlable des coûts. Au moment des débats sur l’Affordable Care Act, beaucoup avaient dénoncé le manque de poigne de la Maison-Blanche. Or, contre l’avis de son vice-président, Joe Biden, et de ses conseillers, Barack Obama a voulu mener la réforme à bien, malgré les vents contraires provoqués par la crise financière et l’obstructionnisme républicain. Le changement confirmé jeudi par la Cour suprême est donc historique. En répartissant les risques des assureurs maladie sur un plus grand nombre d’assurés, l’administration démocrate a induit un bouleversement philosophique au pays du sacro-saint individualisme en osant parler aux Américains de solidarité.

 

Ce n’est pas le seul argument qui plaide en faveur de l’ObamaCare, une loi pourtant imparfaite. Il y a aussi une rationalité économique. A l’heure la santé consume 17% du PIB américain, un record mondial, la réforme devrait permettre de limiter la hausse des primes des assurés qui assument les coûts des non-assurés et de réduire les coûts en favorisant la prévention, largement négligée aux Etats-Unis. Les Américains sans couverture santé n’attendront pas d’être gravement malades avant de se faire soigner. Ils ne devront plus choisir entre payer l’hypothèque de leur maison ou une assurance maladie. L’OCDE partage cette analyse, jugeant que la réforme est une chance de maîtriser à terme les coûts de la santé, principale menace budgétaire.

 

Quant à la Cour suprême, discréditée après les commentaires «inappropriés» du juge Scalia sur la Maison-Blanche, elle a pris une décision courageuse dans un contexte de politisation à outrance. Elle ne va cependant pas mettre fin au combat politique. Ayant fait de son opposition à l’ObamaCare son cheval de bataille, le Tea Party est sonné. Mais il promet de voter l’abrogation de la loi en juillet à la Chambre des représentants et de faire élire Mitt Romney à la présidence en novembre. Or, en tant que gouverneur du Massachusetts, le républicain, qui jure d’éradiquer la réforme d’Obama, promulgua, en 2006, une réforme similaire à l’ObamaCare qui fut surtout financée par Washington…