Crise ukrainienne: Nicolas Sarkozy reprend la rhétorique du Kremlin

 

Par Benoît Vitkine

 

09.02.2015

 

Nicolas Sarkozy s'est exprimé brièvement sur le conflit en Ukraine et ses conséquences sur les relations entre l'Europe et la Russie, samedi 7 février. Devant les dirigeants de l'UMP réunis à Paris, le président du parti d'opposition a soutenu : « La séparation entre l'Europe et la Russie est un drame. Que les Américains la souhaitent, c'est leur droit et c'est leur problème (...), mais nous ne voulons pas de la résurgence d'une guerre froide entre l'Europe et la Russie. »

 

Ceci alors qu'au même moment à Munich, la diplomatie prenait précisément des accents de guerre froide sur la crise ukrainienne. Partant de ce constat, qui place l'entière responsabilité du divorce entre l'Occident et la Russie sur les Européens, M. Sarkozy a présenté une « solution » reposant sur « trois principes ».

 

« La Crimée choisit la Russie »

 

« La Crimée choisit la Russie, on ne peut pas leur reprocher », a lancé le chef de l'UMP. Mais à vrai dire, le débat n'a jamais vraiment porté sur ce qu'il convient de « reprocher » aux Criméens ou aux Russes. Il porte plutôt sur la légalité de ce rattachement, que M. Sarkozy a semblé implicitement vouloir reconnaître. Or, si la plupart des dirigeants occidentaux estiment, en aparté, qu'il sera très difficile de revenir en arrière, le président de l'UMP est allé bien plus loin : il épouse la rhétorique des officiels russes, en prétendant qu'il s'agirait d'un choix démocratique en bonne et due forme.

 

Le « choix » de la Crimée auquel Nicolas Sarkozy a fait référence est le référendum du 16 mars, non reconnu, organisé sans aucun contrôle international, à l'exception de la présence « d'observateurs » membres de quelques partis de l'extrême droite européenne. Ce référendum, qui aurait vu le « oui » à la Russie l'emporter à 96,6 %, s'est tenu après l'invasion de la péninsule par des hommes armés non identifiés. M. Poutine reconnaîtra lui-même deux mois plus tard qu'il s'agissait de militaires russes.

 

L'argument de Nicolas Sarkozy ne manque pas de surprendre. Il était président de la République française lorsqu'au terme de la guerre entre la Géorgie et la Russie, en août 2008, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance. Si ce droit à l'autodétermination était si universel, pourquoi M.Sarkozy n'a-t-il pas alors, au nom de la France, reconnu les deux provinces géorgiennes ?

 

Nicolas Sarkozy s'est exprimé brièvement sur le conflit en Ukraine et ses conséquences sur les relations entre l'Europe et la Russie, samedi 7 février. Devant les dirigeants de l'UMP réunis à Paris, le président du parti d'opposition a soutenu : « La séparation entre l'Europe et la Russie est un drame. Que les Américains la souhaitent, c'est leur droit et c'est leur problème (...), mais nous ne voulons pas de la résurgence d'une guerre froide entre l'Europe et la Russie. »

 

Ceci alors qu'au même moment à Munich, la diplomatie prenait précisément des accents de guerre froide sur la crise ukrainienne. Partant de ce constat, qui place l'entière responsabilité du divorce entre l'Occident et la Russie sur les Européens, M. Sarkozy a présenté une « solution » reposant sur « trois principes ».

 

« La Crimée choisit la Russie »

 

« La Crimée choisit la Russie, on ne peut pas leur reprocher », a lancé le chef de l'UMP. Mais à vrai dire, le débat n'a jamais vraiment porté sur ce qu'il convient de « reprocher » aux Criméens ou aux Russes. Il porte plutôt sur la légalité de ce rattachement, que M. Sarkozy a semblé implicitement vouloir reconnaître. Or, si la plupart des dirigeants occidentaux estiment, en aparté, qu'il sera très difficile de revenir en arrière, le président de l'UMP est allé bien plus loin : il épouse la rhétorique des officiels russes, en prétendant qu'il s'agirait d'un choix démocratique en bonne et due forme.

 

Le « choix » de la Crimée auquel Nicolas Sarkozy a fait référence est le référendum du 16 mars, non reconnu, organisé sans aucun contrôle international, à l'exception de la présence « d'observateurs » membres de quelques partis de l'extrême droite européenne. Ce référendum, qui aurait vu le « oui » à la Russie l'emporter à 96,6 %, s'est tenu après l'invasion de la péninsule par des hommes armés non identifiés. M. Poutine reconnaîtra lui-même deux mois plus tard qu'il s'agissait de militaires russes.

 

L'argument de Nicolas Sarkozy ne manque pas de surprendre. Il était président de la République française lorsqu'au terme de la guerre entre la Géorgie et la Russie, en août 2008, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance. Si ce droit à l'autodétermination était si universel, pourquoi M.Sarkozy n'a-t-il pas alors, au nom de la France, reconnu les deux provinces géorgiennes ?