Romney essaie de changer de conversation

 

Par Jean-Sébastien Stehli

 

le 12 mai 2012

 

Le pauvre Romney n'a aucun sens du rythme. Pas l'oreille musicale non plus, en tout cas pas l'oreille pour saisir le rythme d'une campagne et comprendre l'électorat Républicain. Il se met mal avec les femmes après les déclarations obscènes de Rush Limbaugh dont il ne condamne pas vraiment les propos. Il se moque du président Carter, ce qui n'est pas très élégant. Il réussi même à se mettre à dos les amoureux des chiens pour son traitement, qu'il trouvait très drôle, du chien familial qui avait fait tout un voyage sur le toit de la voiture parce qu'il n'y avait pas de place à l'intérieur.

 

Et voilà maintenant qu'il voit les gays lui tourner le dos, non seulement à cause de la déclaration de Barack Obama, mais aussi pour avoir renvoyé Richard Grenell, son porte-parole pour la politique étrangère ouvertement gay. Il a même du s'excuser pour avoir psychologiquement torturé un de ses congénères dans le pensionnat pour enfants de familles privilégiées. Et, selon Bloomberg, rarement accusé d'être un suppôt de Mélenchon, les investisseurs préfèrent Obama à 49%contre 38% pour son concurrent Républicain.

 

Pas étonnant qu'il fasse tout ce qu'il peut pour changer la conversation.

 

Romney qui n'est à l'aise avec rien, voudrait bien que l'on parle plus d'économie. Il s'est surtout enrichi aux dépends des salariés des entreprises dont il a pris le contrôle avec Bain Capital, mais il croit qu'entraîner Obama sur ce terrain peut l'aider à engranger des voix pour novembre prochain. Romney n'est pas du tout à l'aise avec ce genre de débat sur les préférences sexuelles des citoyens américains. Mais l'affaire du mariage gay pourrait déraper, pour le Républicain: il est obligé, maintenant de défendre sa position en expliquant que c'est une conviction profonde et qu'il ne réagit pas seulement les ordre de l'Eglise mormon.

 

Et ce samedi, Mitt Romney doit parler devant les étudiants et les professeurs de Liberty University, une université "chrétienne", comme elle se définit elle-même, fer de lance de l'Eglise Evangélique, fer de lance du fondamentalisme religieux aux Etats-Unis. Il va lui être difficile d'éviter de parler de l'homosexualité et du mariage. Mais, si l'on en juge par le discours qui a été distribué aux journalistes en prévision de cet événement, il parlera du lien entre la famille et l'économie. C'est plus sûr. Mais la décision de Romney d'éviter de parler du mariage gay signifie aussi, comme l'indique le Washington Post, qu'il aura plus de mal à participer à la conversation et à être entendu au moment les Américains, qu'ils soient pour ou contre, débattent du mariage gay et de la décision de Barack Obama de se déclarer en sa faveur.