changement climatique - Guerre chaude
L’éditorial de Jacques Fortier
À
Berlin, il y a cinquante ans, le président des États-Unis d’Amérique – à l’époque le fringant John
Fitzgerald Kennedy – avait proclamé
« Ich bin ein Berliner »
(Je suis un Berlinois). Cette phrase célèbre marquait le soutien de la plus grande
puissance mondiale au petit Berlin-Ouest, enchâssé dans la République démocratique allemande inféodée à
Moscou.
Un
quart de siècle plus tard, le Mur tombait
– et avec lui se terminait
la Guerre froide.
Avant-hier, dans un
Berlin réunifié, un autre président des États-Unis d’Amérique – le non moins sémillant Barack Obama – vient de
promettre un autre combat. Celui d’un « pacte mondial pour lutter contre le changement climatique », pour « ne pas condamner
nos enfants à vivre sur une planète
moins hospitalière ».
Pour
cette croisade-là, un quart
de siècle suffira-t-il ?
L’adversaire n’est
plus une superpuissance cimentée par une idéologie doctrinaire. C’est un
mode de vie, le nôtre, auquel
rêvent d’ailleurs les pauvres des pays riches comme les
pauvres des pays pauvres.
Le danger n’est pas dans l’accumulation de têtes nucléaires, d’avions, de blindés. Il est dans nos façons
de nous nourrir, de voyager, de nous vêtir, de nous loger, de nous
chauffer. Le risque n’est
pas d’une conflagration nucléaire
qui vitrifierait tout ou partie de notre Terre. Il est celui de l’irréversible
dégradation de sa capacité à héberger l’espèce humaine.
Qu’un président américain, au cœur de la vieille Europe, prêche la croisade contre le réchauffement climatique est, certes, un signe. Peut-être les États-Unis, qui n’ont pas signé le protocole de Kyoto, vont-ils se rapprocher des pays timidement alliés dans cette
guerre écologique mondiale.
Ils ne seront pas de trop pour s’opposer aux puissants égoïsmes qui, en matière de climat, ont pour seule devise « Après moi le déluge ».
Bref, la Guerre chaude
n’est pas finie.